Lycée de l’Albanais à Rumilly

Lycée de l’Albanais
MOA: REGION AUVERGNE RHONE-ALPES
Localisation: RUMILLY (74)
Livraison: 1996
Mandataire: ARCHIPENTE
Equipe:
BET Structure bois: Wolfgang WINTER & Jacques ANGLADE
BET Fluides: BRIERE SA
BET Structure béton: BA+
BET Paysage & VRD: Pierre ROBIN & Eric NORMAND
Coloriste: Marie-Reine PORTAILLER
BET Cuisine: RL CONSULTANT
BET Acoustique: BEAHC
OPC: GUIGNARD
Bureau de Contrôle: APAVE
AMO: 2B INGENIERIE

Texte publié en 1994

Un bâtiment public, surtout un lycée, doit jouer un rôle qui va au delà du pur fonctionnement. Le choix des matériaux, des techniques et l’atmosphère ainsi créée, doivent refléter le système des valeurs actuelles et futures d’une société et finalement les particularités d’une région.
Dans ce sens est proposé un mariage du béton armé, matériau omniprésent de l’après guerre, avec le bois et la brique, matériaux régionaux et d’avenir.
Les défis lancés dans ce projet ont pour but de former les hommes de demain avec le souci d’allier la haute technologie et la mise en valeur de l’environnement.

Pourquoi construire en bois?

Nous savons tous que nous devons réduire la consommation d’énergie fossile, non pas seulement à cause de l’émission de gaz carbonique, principal responsable de l’effet de serre, mais aussi parce que ces ressources sont tout sim­plement limitées. Il est à l’encontre d’une « ECO logique » d’utiliser du ciment et de l’acier, grands consommateurs de pétrole lors de leur production, sans réfléchir s’ils sont vraiment indispensables.
Ce projet, comme d’autres bâtiments publics déjà réalisés en France et en Europe, propose d’utiliser le bois comme complément aux matériaux artificiels. La région Rhône-Alpes et surtout la Haute-­Savoie, étaient des régions du bois …
Aujourd’hui, parce que le béton est trop puissant sur le marché et que les prix du pétrole sont encore bas, le bois de construction est boudé malgré son vrai prix de revient. En conséquence, les forêts ne sont plus correctement exploitées, on y laisse pourrir le seul matériau de construction produit sans énergie fossile, uniquement avec de l’énergie solaire et l’on se plaint de la désertification rurale. Utiliser du bois c’est créer du travail dans la forêt, l’in­dustrie et l’artisanat régional ; c’est garder le pétrole pour des utilisations où il est indispensable.
Un bâtiment public ne peut pas ressembler à un chalet ; nous devons appliquer des techniques modernes, inventer des formes nouvelles pour

mettre le bois en valeur.
Le béton armé et des matenaux minéraux sont utilisés comme socle là où il y a de fortes sollicitations. Le bois au contraire permet de réaliser une enveloppe légère, riche et source d’inspiration.
Le site de Rumilly, avec la présence forte de la nature, des Alpes et de la forêt, avec ses aspirations vers la haute technologie, vers la formation et vers la créativité humaine, doit trouver un autre voca­bulaire technique que celui du béton armé qui domine dans les grandes agglomé­rations.
Le langage d’une construction en bois High-tech et innovateur sur un socle minéral nous semble une bonne réponse.

Les grandes idées du projet

Urbanisme : l’axe piéton aboutit sur un bâtiment symétrique.

Phasage : Des bâtiments distincts permettent aisément de construire en deux étapes.
La volonté de créer une unité d’ensemble offre des fonctions distinctes dans des bâtiments dis­tincts et nécessite une charnière : le cœur.

Profiter de la vue : Les bâtiments sont organisés de manière à ce qu’ils ne se fassent pas de masque.

Tenir compte du soleil et du vent: La volonté de profiter au maximum de la lumière naturelle, sans éblouissement, a conduit l’orientation des façades des locaux d’enseignements de la manière suivante
Sud Est – Nord Ouest ou Sud Ouest – Nord Est.
La cour d’accueil est protégée des vents d’ouest et du nord. Les ateliers sont orientés vers le nord.

Surveiller les flux de circulation : Les deux accès principaux Est et Ouest sont canalisés vers la loge centrale du gardien.

Créer des atmosphères distinctes :
Côté ville : la cour d’accueil est traitée à dominante minérale.
Côté montagne : L’espace récréatif, le plateau sportif et un théâtre de verdure sont à dominante végétale.

Les choix techniques du projet.

Ce projet émane d’une parfaite collaboration entre ingénieurs structures et architectes. Contrairement à une collaboration usuelle, ils ont développé les concepts architecturaux et les solutions techniques en parallèle. Dès le début, la logique structurelle a influencé la conception au même titre que la recherche architecturale.
Le poids de la structure devait être limité à cause du mauvais sol argileux, dont la capacité porteuse n’est que de 0,5 bar. La solution consiste à utiliser des radiers généraux à la place de fondations sur pieux forcément plus coû­teuses et plus longues à réaliser. Les délais d’exécution se révélant extrê­mement courts, nécessitent une préfabrication en atelier et une adjudication à des corps de métiers différents pouvant travailler en même temps, dans des endroits différents. Ces raisons expliquent le choix d’une structure mixte avec un socle en béton armé coulé sur place au rez de chaussé. Dans les étages l’ensemble de la structure porteuse et la charpente sont en ossature bois pré­assemblés en atelier. Cette combinaison d’éléments lourds et d’éléments légers a permis la réduction du poids de la structure de moitié par rapport à un bâtiment entièrement en béton. Cette réduction du poids engendre une réduction de l’inertie thermique, ce qui signifie une consommation d’énergie moindre pour le chauffage des locaux en utilisation intermittente.