Construire en bois local: un acte militant?

« Redonnons aux forêts le rôle économique garant de leur entretien. » Julius Natterer

Archipente et Lignalithe sont fortement impliqués dans IFB42, interprofession départementale  de  la filière bois. Dans ce cadre, ils travaillent de concert avec la scierie Forge-Mahussier à St Haon Le Vieux qui leur a fait découvrir le monde de la scierie, dont l’une des problématiques est la valorisation de l’ensemble de la grume. Une première réflexion a été menée concernant l’utilisation des demi bastaings de rives, pour créer une dalle massive clouée, dont le profilage permet une connexion avec une dalle de compression en béton. Ainsi est né le plancher bois béton « Lignadal ».

Défi suivant : valoriser les planches jusqu’alors réservées à l’emballage et au coffrage, dont la demande est en baisse. Afin de mettre en œuvre une technique « artisanale » sans grands investissements et reproductible dans les zones en développement, un mur en panneau en bois massif « Lignapli » est  réalisé à base de planches croisées clouées. Trois plis suffisent à reprendre les efforts, une nervure joue le rôle de raidisseur au flambement et rationalise la matière première, contrairement au CLT classique qui consomme beaucoup trop de bois ( et de colle !). Ces murs permettent la mise en œuvre de 26cm d’isolant à base de fibre de bois, dont l’usine de fabrication « Isonat » située à moins de 30km de la scierie. Elle récupère les copeaux et les transforme en isolant. Ces murs permettent d’atteindre aisément la certification « construction passive ».

Ces deux produits font l’objet d’un Avis Technique, ce qui prouve que cette formalité peut être réalisée par de petites structures : l’innovation dans l’acte de construire est possible pour tous.

Parallèlement, une petite entreprise de charpente de 3 personnes s’est créée en 2010, Lignatech, implantée à proximité de la scierie fournissant les bois. Son  premier projet a été la réalisation de la Maison des Ainés 1, bâtiment où ces nouveaux produits ont été testés grandeur nature. Elle emploie maintenant  17 personnes et réalise essentiellement ses projets à l’aide de « Lignapli » et de « Lignadal », sous-produits de scierie devenus nobles, pour construire des maisons passives.

Il est impératif de consommer le bois issu de nos forêts, le prélèvement actuel étant inférieur à l’accroissement naturel, et éviter ainsi que « la forêt ne fasse de la graisse ». Cela permet ainsi de faire travailler tous les corps de métiers allant de l’exploitant forestier aux artisans locaux, en passant par les scieries, plutôt que d’importer des bois  ce qui participe au déficit de la balance commerciale. Autant d’emplois et de ressources non délocalisables.

Nous avons vérifié que pour un lycée ou un collège que nous réalisons en bois, nous mettons en oeuvre 1000m3 de bois, pour un montant de 2M€, ce qui génère du travail pour 21 personnes équivalent temps plein. Si le bois est issu de forêts locales, ces emplois retournent 420 000€ à la collectivité, quand leur absence coûte 409 000€ en chômage généré.

C’est pour nous la mise en œuvre du concept : développer l’économie locale par la valorisation de la forêt de pays, tout en œuvrant pour la protection de la planète.

Dominique MOLARD architecte au sein d’Archipente (42)

 

Pour aller plus loin:

Dossier de presse Fibra

Présentation groupe de travail Fibra